Quand la presse et le gouvernement se trompent de victimes.

Un article publié par Laurence Girard dans Le Monde le 9 juin dernier titre : « Les matières premières ont beaucoup souffert de la crise économique due au coronavirus ». Souffert ? Mais de quelle souffrance parle Le Monde ? Où les matières premières peuvent-elles bien ressentir de la douleur ? Les cours des matières premières chutent de 42 %, apprend-on dans l’article. Elles se sont peut-être fait mal en tombant…
Voilà le mal d’aujourd’hui : les indices économiques sont, pour la presse comme pour les gouvernements, placés au même niveau que des vies humaines. Le vocabulaire employé pour les décrire en est la preuve : les cours « chutent » ou « plongent », les matières premières « souffrent ».
Résultat ? Personne ne s’étonne qu’un plan d’aide de 15 milliards soit mis en place pour Airbus (dans le vert depuis des années et bénéfice opérationnel de 6.3 milliards en 2019), qui a déclaré que ces 15 milliards ne lui suffiraient pas à garantir l’emploi. Personne ne s’étonne que Lactalis (318 millions d’euros de bénéfice net en 2018, 425 en 2019) annonce aux agriculteurs que le prix du lait va encore devoir baisser, à cause de la crise. Personne ne s’étonne que les prêts garantis par l’État pour aider les entreprises sont difficilement accessibles à de nombreuses start-up, à cause de délais et de complexité administrative.
La crise du coronavirus devrait être un détonateur, et mener à une prise de conscience de la nécessité absolue de tourner notre société vers l’humain : si des lits d’hôpitaux manquent, les patients souffrent. Si les cours de la bourse s’effondrent, les matières premières, elles, ne ressentent rien…
A lire sur le sujet
Le Monde : Les matières premières ont beaucoup souffert de la crise économique due au coronavirus
Le Monde : Lactalis va baisser le prix du lait payé aux éleveurs