Système politique, sondages, campagnes électorales… Les différences sont nombreuses.

A deux mois des élections présidentielles aux États-Unis, le 3 novembre prochain, la lutte entre le président sortant Donald Trump et le candidat de l’opposition Joe Biden est de plus en plus présente dans la presse française. Commentaires, pronostics, comparaisons abreuvent les colonnes des quotidiens. Pourtant, observer cette grande échéance électorale outre-atlantique avec un œil européen n’est pas forcément pertinent, tant les modalités de l’élection et les habitudes politiques américaines sont différentes des nôtres.
Première difficulté dans l’analyse de la présidentielle américaine pour les Français : cerner les candidats et les partis qui les soutiennent. Le bipartisme politique, même s’il a été plusieurs fois bousculé ces dernières années en France (l’extrême droite présente deux fois au deuxième tour de l’élection française, en 2002 et 2017, et un président d’un jeune parti centriste élu en 2017), existe aussi dans de nombreuses élections françaises, avec deux grands partis situés l’un à gauche de l’échiquier politique (orientation socialiste), et l’autre à droite (plus conservateur). Or calquer ce modèle sur le bipartisme politique existant aux États-Unis serait une erreur : impossible d’associer le parti démocrate américain à un parti de gauche tel qu’il existerait en France, et le parti républicain américain à un parti de droite tel qu’il existerait en France. Si les deux grands partis américains devraient être placés sur une échelle gauche-droite française, il serait plus réaliste de qualifier les démocrates de parti centriste voire de droite, et les républicains de parti d’extrême droite dont les idées leur sont plus proches.
D’autre part, les Français ont l’habitude de se fier aux sondages publiés en grand nombre avant les élections. Or, ces chiffres, s’ils existent aussi aux États-Unis, y sont beaucoup moins lisibles. En effet, alors que l’élection présidentielle française est un scrutin direct, le vote pour le président américain est bien plus complexe, avec un collège de grands électeurs élus état par état, ce qui rend l’interprétation des sondages bien plus délicate. Autre difficulté majeure : la manière de présenter les résultats des sondages est souvent différente aux États-Unis et en France. Alors que les sondages français se contentent de faire une prédiction sur les résultats attendus le jour de l’élection, il est beaucoup plus courant de voir les journaux américains publier des pourcentages représentant des probabilités de gain pour un candidat ou pour l’autre.
Enfin, la campagne électorale menée par les candidats à la Maison Blanche ne ressemble en rien à celle des candidats à l’Élysée. Par leur financement, d’abord : les candidats aux élections présidentielles françaises de 2012 n’ont dépensé que 66 millions d’euros, pour la présidentielle américaine de 2016, c’est 3 milliards de dollars qui ont été déboursés pour convaincre les électeurs. Une somme nécessaire pour couvrir les dépenses gigantesques en publicités et meetings, même si le coût sera réduit cette année pour cause de conventions et meetings annulés suite au covid-19. Des campagnes électorales souvent qualifiées de « shows » en France, où on n’a ni l’habitude de voir des lobbies financer la politique, ni les candidats se faire autant acclamer entourés de leur famille.
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